Suite au festival Les Tréteaux de Voiron qui a eu lieu du 10 au 14 octobre dernier, nous nous sommes entretenus avec Dominique Barboyon, président de l’association, pour faire un bilan de cette 20ème édition.
INTERVIEW
Dominique Barboyon
BONJOUR DOMINIQUE, LES TRÉTEAUX DE VOIRON SE SONT DÉROULÉS DU 10 AU 14 OCTOBRE, COMMENT S’EST PASSÉE CETTE ÉDITION ?
J’ai tellement de choses à dire… Je suis président de l’association depuis deux ans et c’était la 20ème édition du festival. Tout d’abord coté public : 1120 entrées l’an passé et cette année 2420 ! Un très beau cadeau d’anniversaire !
C’était une édition très particulière puisque cette année, nous avons organisé 9 spectacles, dont un, « Résister c’est exister », qu’on a coproduit avec la scène régionale “Le Grand Angle” à Voiron. Pour les 8 autres spectacles, 6 se sont joués à guichet fermé. Ca c’est donc très bien passé.
SUR QUELS CRITÈRES AVEZ-VOUS SÉLECTIONNÉ LES 8 AUTRES SPECTACLES AMATEURS ?
Nous avons reçu une quarantaine de candidatures et nous avions en parallèle une trentaine de spectacles potentiels. Sur 70 pièces au total, il a fallu en retenir 8. Le premier critère est très simple, il n’y a pas de thème à ce festival. Il n’y a pas de fil rouge particulier. On accepte aussi bien des troupes de la FNCTA que des troupes qui ne le sont pas et on couvre toute la France; on a des compagnies qui sont venues de Paris, Nîmes, Annecy, Annemasse. On n’a pas de limites géographiques. La seule chose qui motivera une sélection, c’est la qualité des spectacles. Alors c’est de plus en plus difficile de tous les voir en amont parce que les compagnies viennent de loin. Mais on demande au moins une vidéo. On sait très bien que la vidéo ce n’est pas le meilleur, que ça a tendance à tout aplatir, mais en tout cas ça en dit déjà beaucoup.
Dans nos critères de qualité, il y a: le texte, ça peut être du contemporain comme du classique, bien évidemment la mise en scène, le jeu des comédiens, mais on est aussi très attaché à la scénographie. Le festival Les Tréteaux de Voiron n’existerait plus depuis longtemps sans ces exigences. On installe un vrai théâtre dans une salle des fêtes dans laquelle on monte une boîte noire de 10m par 6m, avec un gradin pour le public. On a largement ce qu’il faut en technique, on offre vraiment aux troupes des conditions professionnelles.
Nous avons un grand respect pour le public en lui donnant le meilleur de nous-même et des spectacles que nous programmons.
SI TU DEVAIS DONNER TON SPECTACLE COUP DE CŒUR, ÇA SERAIT LEQUEL ?
Ça va être difficile. Tous m’ont touché, fait vibrer, rire, pleurer. Je pourrais donc tous les citer. Forcément si on les a sélectionnés, c’est qu’on les a aimés ! Mon coup de cœur premier, c’est la claque que m’ont donné les jeunes des Pommes Dauphines Juniors avec « Blessures » : une telle compréhension du théâtre et une si forte défense d’un texte est incroyable. Mon coup de cœur de l’audace théâtrale va à « Mystero Buffo » de la Cie La Belle Équipe, qui est allé chercher très très loin avec un texte de Dario Fo et Franca Rame revisitant la vie du Christ. Et puis le coup de cœur du grand enfant qui est en moi, c’est « La vie rêvée de nous », le duo de Clowns des Nez Nets et Cie : du grand art et une générosité sans limite.
DU COUP C’ÉTAIT LA 20E ÉDITION CETTE ANNÉE, C’ÉTAIT UNE ÉDITION UN PEU PARTICULIÈRE J’IMAGINE ?
Etant donné que je ne fonctionne absolument pas par les freins dans les projets (donc il n’y a pas forcément de limites pour moi) pour la 20e édition nous avons a eu comme parrain un ancien de la Comédie Française, François Bourcier, auquel on a aussi demandé de venir jouer une de ses pièces principales « Résister c’est exister ». C’est un spectacle qui a été joué plus de 1000 fois et que j’ai vu 18 fois (c’est une des pièces de ma vie). Lorsque j’ai proposé que François Bourcier soit notre parrain 2023, j’ai bien senti quelques chuchotements autour de la table de réunion : « Un ancien de la Comédie Française ? Il est fou, c’est impossible, même pas en rêve… ». Et bien si, il est venu !
Pour nos 20 ans nous avons décidé de faire des cadeaux (plutôt que d’en recevoir) : nous sommes allés à la rencontre des publics empêchés et de ceux qui ne vont pas ou pas souvent au théâtre, en organisant 8 animations hors les murs de la Salle des Fêtes : dans les Maisons de Retraite, les Ehpad, une librairie, notre jardin de ville, un lycée. De nombreux intervenants se sont produits pour des lectures, des contes, des chansons, de la musique, un atelier d’écriture, des masterclass sur l’éloquence. Nous les avons financés et offerts au public.
ET EST-CE QUE LES RETOURS DES SPECTATEURS SUR CE SPECTACLE ÉTAIENT À LA HAUTEUR ?
Oh oui ça l’a été. « Résister C’est Exister », le spectacle en coproduction avec Le Grand Angle, a réuni 1200 spectateurs. 1220 spectateurs pour les autres pièces : nouveau record pour Les Tréteaux de Voiron. C’était énorme cette 20e édition ! Selon moi, un projet doit être beau, motivant, il faut qu’il fasse pétiller les yeux, qu’il prenne les tripes. Crois-moi, ça a été le cas, pour le public comme pour nous.
RÉTROSPECTIVEMENT PAR RAPPORT À CES 20 PREMIÈRES ANNÉES, QUELLE EST VOTRE VOTRE FIERTÉ PRINCIPALE SUR CE FESTIVAL ?
Oh là là, la fierté principale ? Et bien c’est d’être toujours là au bout de 20 ans. Je trouve ça très beau pour un festival de théâtre amateur, administré et géré par 15 bénévoles. Ce que je retiens dans le mot amateur, c’est que le préfixe est le mot « amour » : pour nous, organiser ce festival annuel nous apporte énormément de plaisir grâce à la passion qui nous anime.
COMMENT ES-TU DEVENU LE PRÉSIDENT DE CETTE ASSOCIATION ?
En fait, il y a 2 ans, Les Tréteaux de Voiron cherchaient une nouvelle présidence. Je leur ai dit, « je veux bien postuler, mais je vais d’abord vous écrire une lettre d’intention, vous proposant un projet et vous expliquant quel avenir je vois pour le festival ». J’ai été élu sur ce projet, c’est sur cette base que nous avançons maintenant.
LES TRÉTEAUX DE VOIRON 2024 ? VOUS Y PENSEZ DÉJÀ ?
Oui bien sûr… Le comité de sélection va se réunir dès début novembre pour évoquer 2024. Nous avons déjà reçu des demandes alors que le dossier de candidature ne sera disponible qu’au premier trimestre l’an prochain, sur notre site.
EST CE QUE TU VEUX TERMINER PAR UN PETIT MOT EN PARTICULIER ?
Merci au public, merci aux troupes qui nous font confiance. Merci aux bénévoles parce que c’est tellement beau de donner sans attendre de contrepartie. Merci à la FNCTA qui joue un rôle essentiel aussi en labellisant notre festival, en nous faisant confiance. La Région URRA nous porte, comme tous les institutionnels qui nous suivent. Et merci de me donner la parole dans cette interview !
Pour terminer, ce qui me tient, ce qui me motive, c’est cette petite phrase que j’ai fait mienne :
Jamais rien de grand n’a été accompli sans enthousiasme.