INTERVIEW

Frédéric Landrodie

BONJOUR, POUR COMMENCER POUVEZ-VOUS VOUS PRÉSENTER ?

Je suis Frédéric Landrodie, président du centre social depuis quelques années et membre  de la troupe qui s’appelle Acte 2 Scène 6 Page 43. C’est une troupe de théâtre créée en 2016. En 2022, la MJC de Villars Les Dombes est devenue le Centre social Colibri. Cet agrément accordé par la CAF au travers d’un projet construit avec les habitants. La structure est composée d’une quinzaine de salariés et adresse les secteurs suivants : Adulte/Famille/Senior, Jeunesse, Centre de loisirs et événements dit temps fort. La troupe de théâtre fait partie intégrante du centre social.

Concernant la partie troupe, une création est montée environ tous les deux ans. Monter une pièce prend environ 6 mois, puis on la joue sur un an et demi, une quinzaine ou vingtaine de fois. La mise en scène est assurée par Guillaume Truchet, qui était auparavant animateur des ateliers de théâtre. Nous avons également deux intervenantes spécifiques pour les ateliers jeunes, ados et adultes.

Historiquement, la troupe est issue des ateliers de théâtre, qui existent toujours. Au fur et à mesure du temps, on a créé aussi des festivals. Le premier, c’est Villars Les Scènes, qui se déroule pendant le dernier week-end de janvier à la Villars-les-Dombes. En janvier 2026, la 8e édition sera présentée du vendredi 23 au dimanche 25. Ce festival est basé sur un échange de lieu de représentation entre les troupes invitées et notre troupe.

Nous avons également un deuxième festival, Théâtre & Bottes de paille, né en 2019, qui a lieu dans une ferme, dans un village voisin. On installe trois scènes et on y organise également un marché de producteurs sur le verger de la ferme, des animations gratuites et des concerts.

CETTE ANNÉE C’ÉTAIT LA 4EME ÉDITION DU FESTIVAL “THÉÂTRE & BOTTES DE PAILLE”, COMMENT S’EST-ELLE PASSÉE ?

La 4e édition s’est très bien passée, avec beaucoup de fréquentation. Peut-être même trop de spectacles (on avait 13 troupes en 3 jours, c’était dense !). Dans notre programmation, nous tenons toujours à proposer une grande diversité : spectacles jeune public, impro, seul en scène, comédie… L’idée, c’est vraiment de donner accès à la culture à tous, dans l’esprit du centre social. On pratique des tarifs bas (gratuite pour les moins de 18 ans) pour le théâtre et des animations et ateliers gratuits. .

Après les éditions 2019 et 2021, nous sommes passés à une formule tous les deux ans, car c’est une grosse machine à préparer. Nous avons donc eu les éditions 2022 et 2024, et la prochaine aura lieu du 5 au 7 juin 2026. L’appel à candidature est d’ailleurs déjà ouvert pour la prochaine édition.

EST-CE LE CENTRE SOCIAL QUI PORTE LE FESTIVAL ?

Oui, tout à fait. À l’origine, c’était un projet porté par des habitants et par la section théâtre de la MJC. C’est bien le centre social qui l’organise avec et pour les habitants du territoire.

POUVEZ-VOUS NOUS PARLER DE VOTRE DEUXIÈME FESTIVAL ?

Villars Les Scènes est un festival qui se tient le dernier week-end de janvier, dans une salle classique de la ville de Villars-les-Dombes. Là aussi, on a toujours deux spectacles jeune public : un le samedi matin, un le dimanche matin. Quatre spectacles adultes  sont également présentés sur le week-end.

L’idée, c’est vraiment l’échange entre troupes. On fait appel à des compagnies qu’on connaît déjà dans notre réseau, qui viennent jouer chez nous, et qui nous invitent ensuite chez elles. C’est une façon de faire tourner les spectacles, de les partager.

Un autre aspect important, ce sont les échanges avec le public. À la fin de chaque pièce, on prend toujours un temps de discussion entre les troupes et le public. Et avant chaque représentation, on organise des lectures théâtralisées. Elles peuvent être en lien avec le thème de la pièce ou avec un théme du centre social prévu dans les mois à venir. Ces lectures sont souvent faites par des habitants qui n’ont pas l’habitude de monter sur scène. On les accompagne en amont : 3 ou 4 réunions pour découvrir le texte, voir comment le lire, comment l’arranger. Ça permet d’intégrer directement les habitants et le public dans le projet du festival.

Concernant la programmation, on accueille des spectacles amateurs, pas uniquement issus du réseau FNCTA. On ne s’interdit rien. Bien sûr, certaines troupes reviennent régulièrement parce que le spectacle tourne bien, mais on essaie aussi d’avoir de la nouveauté.

Villars Les Scènes, lui, a lieu chaque année, contrairement au Théâtre & Bottes de paille qui est biennal.

COMBIEN ÊTES VOUS DE BÉNÉVOLES SUR LES ÉVÉNEMENTS ? 

Pour Villars Les Scènes, comme c’est un festival plus léger, on mobilise une petite dizaine de bénévoles au maximum, dont 4 ou 5 par jour. C’est surtout pour l’installation, la technique, l’accueil. 

En revanche, pour Théâtre & Bottes de paille, on monte à 40-50 bénévoles mobilisés sur tout le week-end, plus une dizaine qui s’engagent toute l’année, notamment pour la programmation. Et on a aussi des  salariés qui participent à l’organisation.

Avec le développement de nos activités, on prévoit de recruter encore. L’idée, c’est de renforcer l’animation hors scène : happenings sur le marché, petites formes gratuites qui circulent sur le site, animations intergénérationnelles. On veut que le festival s’ouvre vraiment à tous les publics : familles, ados, enfants, personnes âgées… C’est une dimension qui prend de plus en plus d’importance.

QUELLE PLUS VALUE VOYEZ VOUS À LA PRATIQUE THÉÂTRALE DANS VOTRE CENTRE SOCIAL ?

La pratique théâtrale par les habitants et pour les habitants ! Le centre social ne fait pas à la place, ça part toujours de ce que proposent les gens. Donc chaque centre social il y a un projet différent, à l’image de son territoire. Nous, on met beaucoup en avant l’éducation populaire, les compétences de chacun, ce que chaque personne peut apporter a l’autre. Et la pratique amateure du théâtre colle complètement à cela.

Typiquement, on organise des soirées Guinguettes tous les vendredis de l’été, en juin et juillet. Il y a des concerts, des soirées jeux… Un soir, on a fait un grand « Mystère de Pekin » théâtralisé, et des habitants ont pris des rôles. Certains font du théâtre, d’autres pas du tout, mais tout le monde s’y met. On mélange, on crée du lien.

Pareil pour les décors de notre pièce : c’est l’atelier cartonnage du centre social qui a fabriqué quelques éléments d’une de nos pièces. Nous les avons invités à la représentation, et ils ont vu sur scène ce qu’ils avaient construit. Ce sont ces échanges-là qui comptent.

Et puis on voit aussi que ça émancipe. Des gens qui n’auraient jamais poussé la porte d’un atelier théâtre, mais qui osent venir parce que c’est au centre social… et qui finissent par monter sur scène. Ça, c’est une vraie réussite.

QUELQUE CHOSE À RAJOUTER ?

On peut parler de notre dernière pièce avec notre troupe Acte 2 Scène 6 Page 43 « Les Inséparables » de Stéphan Archinard et François Prévôt-Leygonie. Elle tourne depuis le 30 novembre 2024. À la fin de l’année 2025, nous serons déjà à quatorze représentations, et on espère continuer en 2026. Nous sommes cinq comédiens et deux personnes à la régie.

Dans la troupe, aujourd’hui il y a huit/neuf comédiens. La troupe existe depuis 2016. On fonctionne par projet proposé par les comédiens.. C’est vraiment un travail collectif pour trouver le texte du projet suivant.

Quand on décide de monter quelque chose, on lit les pièces entre nous. Chacun doit y trouver son compte. Ensuite, on propose parfois à notre metteur en scène de nous donner un regard extérieur, de nous dire si c’est faisable ou pas. Mais le choix part toujours de nous. Là, par exemple, on va commencer les séances de lecture pour notre prochaine création, même si elle ne verra le jour que dans un an. On lit, on teste… ce qu’on aime, ce qu’on n’aime pas. Lire ensemble, c’est différent que de lire seul.

UN MOT POUR TERMINER ?

L’appel à candidatures pour l’édition 2026 du festival « Théâtre & Bottes de paille », est lancé. Les troupes peuvent candidater jusqu’au 1er février.

Il y a l’appel classique pour les pièces, mais aussi un appel plus large : même si une troupe n’a pas encore de spectacle monté, on cherche aussi des propositions d’animation sur site. Ça peut être du théâtre de rue, des interventions à l’accueil, de petites formes déambulatoires… On est très ouverts à ça.
Notre slogan, c’est « aller là où la culture n’est pas ». Jouer du théâtre dans une ferme, démocratiser, casser le carcan… Et donner envie, peut-être, à des spectateurs qui n’auraient jamais franchi la porte d’un théâtre, de le faire ensuite.

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