INTERVIEW
Jean-Luc Felgeirolle
BONJOUR, POUR COMMENCER POUVEZ-VOUS VOUS PRÉSENTER ?
Je m’appelle Jean-Luc Felgeirolle, j’ai 66 ans. J’ai commencé le théâtre au lycée. Puis une fois dans la vie active, au grès des contraintes familiales ou professionnelles j’ai, par période, fait partie de compagnies amateurs.. Je suis aussi auteur, j’ai écrit une vingtaine de pièces, mais une seule est éditée à ce jour. Il y a une dizaine d’années, et notamment depuis la retraite, j’ai repris l’activité théâtrale à plein temps. Je suis actuellement dans plusieurs troupes, dont Fun en Bulle, à Douvaine. J’y suis auteur et metteur en scène, et accessoirement comédien pour remplacer quand c’est nécessaire.
Je suis également dans la troupe des InFILtrés, dans le pays de Fillière. J’y suis vice-président, auteur, metteur en scène, comédien… La troupe a été créée en juin 2022, et ne propose, à ce jour, que des créations, on écrit nos propres textes. Ce qui est aussi le cas au Fun en Bulle.
J’étais dans l’Ain au départ, et depuis 2007 je suis en Haute-Savoie.
POUVEZ-VOUS NOUS EXPLIQUER VOTRE PARCOURS THÉÂTRAL ?
Essayons de résumer.
Ça m’a toujours passionné, j’ai toujours aimé ça. Quand j’étais enfant, je ne voulais pas être pompier, je voulais être comédien. Mais la vie… Dès que j’ai pu, j’ai fait du théâtre. Au lycée pour commencer avec la section théâtre. Et puis j’ai continué, au gré des associations où je me trouvais.
J’ai fondé le Théâtre de la Vapeur à Oyonnax (01), en 2002. Nous montions trois à quatre pièces par saison. En 2005, avec le CD01, que j’avais rejoint, nous avons organisé à Nantua, les premières REN.DE.T.T.A (Rencontres départementale des Troupes de théâtre Amateurs) qui existent toujours. En 2007 j’ai quitté la région, pour m’installer à Annecy. Dès mon arrivée en Haute-Savoie, j’ai rejoint la troupe des Escholiers. Une des plus vieilles troupes de France qui fêtera son centenaire en 2028. J’y fut comédien durant 2 saisons. En 2008 j’ai rejoins la troupe de l’Estrade, à Poisy. J’y fut successivement metteur en scène, comédien, Président, auteur… aujourd’hui j’apporte mon soutien à la technique lorsqu’ils sont en représentation.
Maintenant je suis dans le pays de Fillière (Thorens-Glières), au nord d’Annecy. En Haute-Savoie y a beaucoup de troupes. Par le biais de la FNCTA (CC73/74),j’ai rencontré Pierre Fabre, qui était président, auteur, metteur en scène des Fun en Bulle, et qui m’a demandé un jour de venir jouer un petit rôle dans l’une des ses trilogies. Il faisait des grandes fresques, son et lumière, avec beaucoup de comédiens. J’y suis allé… et j’y suis resté, depuis 2014. Il a passé la main il y a 3 ans. Maintenant on a une présidente, qui est comédienne, et moi je suis un des trois metteurs en scène et un des trois auteurs. On continue à écrire nos propres pièces.
POUVEZ-VOUS NOUS PARLER DE VOTRE PROJET CÉLÉBRANT LES 80 ANS DE LA LIBÉRATION ?
Alors oui. Même si la Haute-Savoie s’est libérée en 1944, comme beaucoup d’autres départements, 1945 reste bien sur celle de la libération de la France. Mais l’an dernier, Avec Les Fun en Bulle nous avions déjà un spectacle qui nous prenait pas mal de temps. On s’est donc projeté en 2025 pour imaginer un spectacle mémoriel à notre manière. Un peu un retour aux sources. Pierre Fabre était professeur d’histoire, donc on a repris le flambeau. Une des particularités du spectacle c’est qu’il sera en extérieur et déambulatoire. C’est le public qui se déplacera par petits groupes et assistera à différentes scènes, sur un parcours.
Le spectacle s’appelle Je meurs pour la France, je vous aime. Il s’appuie sur des lettres de condamnés à mort, des résistants, fusillés… Ce sont des lettres écrites soit la veille soit quelques heures avant leur exécution. On ne les lit pas, on les dit. Certains personnages sont joués, d’autres sont dits par un proche — une sœur, une mère, une épouse. On essaie de garder la sincérité.
Le spectacle se déroule à la Maison Forte de Chilly, qui est aussi le lieu de résidence de la troupe. On utilise bien sûr les extérieurs pour créer l’ambiance des années 40.
Les groupes évoluront avec deux guides-narrateurs, croiseront des scènes de la vie quotidienne de l’époque : rafles, contrôles d’identité, alertes aux bombardements… On veut plonger les gens dans cette époque-là, c’est un spectacle immersif.
La première, est fixée au 8 mai, en accord et avec le soutien de la mairie de Douvaine. On fera une première représentation réservée aux élus. Le spectacle sera joué plusieurs fois dans le week-end du 8 au 11 mai. On table sur des séances d’1h30, trois ou quatre par jour. Le public sera limité à une trentaine de personnes par séance, à cause de la configuration du lieu. Ensuite, c’est un spectacle qu’on voudrait tourner dans d’autres communes. (3 dates se confirme à ce jour).
J’avais déjà fait une version de ce projet au Musée de la Résistance de Nantua, dans l’ancienne prison, avec le Théâtre de la Vapeur, il y a 20 ans. On s’était contenté d’y jouer que des lettres, en déambulation, dans cette vieille prison ovale à deux étages comportant des coursives. Pour Douvaine j’ai repris une partie des lettres, avec les « classiques », Guy Moquet, Manoukian… et j’ai enrichi avec des nouvelles lettres notamment locales grâce à l’ANACR (Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance) de Haute-Savoie qui soutient également le projet.
QUELS SONT VOS PROJETS POUR LA SUITE ?
On a, avec les Fun En Bulle, une pièce qui tourne actuellement. C’est une comédie écrite par une des metteuses en scène de la troupe. Ça s’appelle Un mari à tout petit prix. C’est du boulevard, ça a déjà été joué une dizaine de fois dans notre secteur.
D’ici la fin de l’année on devrait avoir deux pièces qui tournent et deux en chantier.
Avec les InFILtrés, nous avons 4 créations au répertoire:
- Juste des jours meilleurs, jouée une vingtaine de fois, dont des festivals (St Malo en juillet 24).
- Jeune danseuse pour ballet, une dizaine de fois, elle tourne encore.
- Dans le cœur de Pipo, une pièce pour deux personnages, un peu moins jouée.
- Rosette et Célestin, une comédie cynique qui se passe dans un EHPAD où deux anciens veulent éliminer les autres résidents de plus de 80 ans. Très court, mais drôle. J’ai écrit cette pièce pour les deux aînés de la troupe.
Toutes ces pièces nous appartenant, on a donc la liberté de les présenter à la demande.
UN MOT POUR TERMINER ?
Je dirais juste que la FNCTA pourrait mettre un peu plus en avant les créations originales. Une très grande majorité des troupes, beaucoup sont excellentes, jouent toujours les mêmes auteurs, ou pièces à succès. Je ne dis pas que c’est facile, pas du tout, mais les créateurs sont parfois un peu oubliés. Osons un peu plus. C’est aussi ça le spectacle vivant.
