Théâtre et Cinéma : deux arts bien distincts ?

Bien que nous connaissions tous les différences entre théâtre et cinéma, les frontières entre comédien et acteur sont bien plus floues… 
Quelques questions avec Stéphane Sergent, comédien à l’Impromptu Théâtre de Jaujac (Ardèche) jouant parfois avec d’autres troupes de théâtre amateur ardéchoises, acteur et figurant dans des longs et courts métrages ou clips, et également trésorier du Comité Ardèche de la FNCTA. Regard sur ces deux pratiques : 

1. Comment en es-tu arrivé à pratiquer le théâtre ?

Par hasard, il y a une douze ans, en 2009. C’est une habitante du village où j’habitais auparavant et qui faisait partie de la troupe de l’Impromptu Théâtre de Jaujac qui m’a invité à les rejoindre parce qu’ils « manquaient d’hommes ». J’y ai tout de suite pris goût et c’est devenu une passion qui ne cesse de croître, grâce aux comédiens et metteurs en scène (amateurs ou professionnels) avec qui je travaille.

2. Aujourd’hui, tu participes à des tournages dans toute la région, qu’est-ce qui t’a amené au cinéma ? 

En 2011, j’ai vu une annonce pour de la figuration bénévole pour un court métrage qui se déroulait dans la grotte Saint Marcel, en Ardèche. J’ai postulé car j’étais curieux de découvrir cet univers des tournages. Ce fut une très belle expérience et par la suite, dès qu’il y avait des appels à figurants en Ardèche, je tentais ma chance, que ce soit pour des longs ou courts métrages, des clips vidéos, des spots publicitaires, rémunérés ou bénévoles, amateurs ou professionnels. Puis en 2018, un ami pour qui j’avais fait de la figuration, m’a proposé un petit rôle dans un épisode de sa web série. Cela m’a donné confiance et envie de postuler pour des rôles et non plus seulement pour être figurant.

3. Comment abordes-tu tes personnages, sur scène et devant la caméra ? As- tu des rôles de prédilection ? 

Non, je ne pense pas avoir de rôles de prédilection. J’aime autant jouer des comédies que des drames, un gentil ou un méchant, que ce soit sur scène ou face à la caméra. Dans les deux cas, je fais confiance soit au metteur en scène qui m’a attribué un personnage, soit au réalisateur qui m’a choisi parmi d’autres acteurs pour jouer un personnage en particulier.
Au théâtre, généralement, c’est l’ensemble de la troupe qui choisit la pièce. Puis il y a un travail de lecture qui nous permet de définir, avec le metteur en scène, le caractère du personnage, comprendre qui il est, d’où il vient, quel est son but etc.
Ensuite, il y a les répétitions qui vont permettre de trouver sa voix, sa manière d’être et de se déplacer.
Pour les courts et longs métrages, selon ma courte expérience, nous avons déjà, lors du casting, une brève définition du personnage faite par le réalisateur, qui est souvent aussi l’auteur.
J’ai encore très peu d’expérience face à la caméra et seulement des petits rôles, mais généralement, le personnage prend forme avec les directives du réalisateur, quelques instants avant et pendant le tournage des scènes. C’est là une des grandes différences entre les deux, c’est le temps. Au théâtre, il y a les répétitions qui nous permettent de peaufiner ce personnage, alors que pour les courts ou longs
métrages, afin de limiter le nombre de prises, il faut essayer d’être et de faire très vite ce que le réalisateur attend quand il dit « Action ». Pour certaines scènes, nous faisons ce qu’on appelle des « mécaniques », c’est-à-dire qu’on les joue 1 ou 2 fois sans tourner.

4. La présence des métiers techniques et la proximité avec la caméra amènent probablement une autre atmosphère, comment-cela joue sur l’ambiance par rapport au théâtre ?

C’est vrai qu’au théâtre, surtout dans une troupe amateur, hormis les autres comédiens et le metteur en scène, plus éventuellement un régisseur son/lumière, il y a peu de monde autour. Et puis nous nous connaissons bien, puisque nous avons l’habitude de travailler ensemble. Pour l’audiovisuel, c’est totalement différent. Les équipes techniques varient en fonction des projets, des moyens à disposition du réalisateur etc. Elles peuvent être constituées de seulement deux à une centaine de personnes, ce qui fut le cas, par exemple, pour le tournage du téléfilm « Les secrets », par France 3, en Ardèche. Sur un tournage comme celui-ci, en tant que figurants, nous n’avons eu affaire quasiment qu’à un assistant du réalisateur qui nous indiquait ce que nous devions faire.
Pendant la mise en place des équipes techniques entre deux séquences, on attend à l’écart. La chance parfois, c’est d’attendre avec les acteurs principaux. Sur les projets où les équipes sont plus réduites, de 2 à 20 personnes, c’est une autre ambiance. Il y a une plus grande proximité entre tous, c’est plus amical, surtout si le tournage dure plusieurs jours. Il y a très souvent de longs moments d’attentes
pendant lesquels nous pouvons parler ensemble. Très souvent, on assiste aussi à la mise en place des équipes et aux problèmes qu’ils doivent gérer. Je crois que c’est ce qui me fascine également : voir tout le travail que peut nécessiter une scène, aussi courte soit elle, au niveau maquillage, son, lumière, cadrage etc. Bien sûr, il y a aussi parfois des tensions entre eux, en fonction des conditions de tournage et la fatigue en fin de journée ou de soirée.
Même s’il m’arrive quelques fois de travailler avec les mêmes personnes, presque chaque projet est la rencontre d’une nouvelle équipe de techniciens ou acteurs. Ce qui m’a beaucoup surpris, c’est que lorsqu’ils nous engagent comme acteurs amateurs bénévoles pour un rôle, ils nous traitent comme si nous étions des pros, ils sont aux petits soins pour nous. J’en étais même gêné parfois.

5. Chaque projet est différent, bien sûr ; d’après ton expérience, trouves-tu une certaine complémentarité dans ces deux pratiques ? 

Oui, car dans les deux cas il faut transmettre des émotions et des sentiments. Il faut que tout ait l’air naturel et vrai. Bien sûr, on ne joue pas de la même façon sur scène ou face à la caméra, mais les deux nous obligent à aller chercher des choses en nous pour être le personnage, même si cela peut parfois nous bouleverser, nous secouer rudement. L’un comme l’autre sont aussi des occasions de jouer des personnages que je n’aurais pas imaginer et vers lesquels je ne serais pas allé moi-même.
C’est en tout cas pour moi deux univers qui m’apportent beaucoup sur un plan technique, artistique mais aussi personnel et humain.

6. Et enfin, voici un des derniers courts métrages auquel tu as participé. As-tu une anecdote de tournage à partager ?

Ce court métrage est l’un des quatre projets auxquels j’ai participé en 2020. Bien que ce fût une année compliquée à cause de la COVID, ce fut une année riche pour moi en tournages avec des rôles et des univers très différents mais aussi parce que j’ai travaillé avec des professionnels ou de futurs professionnels. Celui-ci a été tourné en une soirée (jusqu’à 4h du matin), en juillet, dans la Drôme, avec une chaleur orageuse et juste une équipe de deux personnes, deux jeunes étudiants très très sympathiques : Giovanny Bellune et Paco Bonnet. Au départ, il devait y avoir un feu de cheminée, mais vues les conditions climatiques, ils ont laissé tomber l’idée.
Ouf !  Bien sûr, si j’avais dû subir la fournaise de la cheminée, je l’aurais fait.
Ce projet est très particulier pour moi pour deux raisons : c’est la première fois que j’ai le rôle principal et que je joue quasiment seul. Quand j’ai répondu à l’appel à candidature, avant de m’envoyer le scénario, le réalisateur, Giovanny Bellune, m’avait demandé si ça ne me posait pas de problème d’être enfermé dans un coffre en bois (chose qu’il n’avait pas signalé dans l’annonce). Cela m’a beaucoup intrigué et donné très envie d’en savoir plus.
Le scénario m’a beaucoup plu par son originalité, son écriture et son ambiance. C qui m’a motivé également, c’est jouer ce personnage qui ne parle pas et qui doit transmettre de fortes émotions. Ce fut une très belle rencontre avec ces deux jeunes et une belle expérience. Je leur souhaite sincèrement de réussir et j’espère que vous apprécierez leur travail. Si c’est le cas, n’hésitez pas à partager pour les aider à se faire connaître.
Bon visionnage.

Propos recueillis par Claire Martin – 2021

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