La Grange en Scène est une nouvelle troupe adhérente à la FNCTA. Christine Lietot en est la représentante et aussi la fondatrice d’un lieu magnifique; la Grangothèque. Elle nous en parle davantage, elle nous fait part de sa vision du théâtre, elle nous expose ses projets, bref une discussion inspirante et intéressante qu’on vous laisse découvrir.
INTERVIEW
Christine Lietot
BONJOUR, POUR COMMENCER POUVEZ-VOUS VOUS PRÉSENTER ?
Je m’appelle Christine Lietot, je suis comédienne depuis toujours. Je suis à la retraite depuis 2015, et avec mon compagnon, nous nous sommes installés à Saint-Genest-Malifaux. Notre projet était d’ouvrir un lieu pour les artistes (comédiens, musiciens, danseurs ou tout autre discipline) qui ont envie de travailler dans un lieu serein et professionnellement équipé. Nous avons acheté une vieille ferme que nous avons rénovée. Dans la grange qui fait 200 m², nous avons créé un lieu de travail qui est, en priorité, un lieu de théâtre. Depuis 2022, notre association, La Grangothèque, propose, en soirées privées, ses créations ainsi que la restitution des spectacles travaillés ici, en résidence.
Depuis 2021, j’ai monté un atelier théâtre et de cet atelier est née la troupe de théâtre amateur la Grange en Scène.
POUVEZ-VOUS NOUS EN DIRE PLUS SUR LE LIEU QUE VOUS AVEZ CRÉÉ LA GRANGOTHÈQUE ?
Cette association est un lieu de résidence artistique. Afin de proposer un hébergement aux artistes accueillis, nous avons mis en place des partenariats avec des lieux aux alentours pour leur permettre de se loger à proximité.
L’année dernière, nous avons eu un groupe de jeunes de Paris qui sont venus 3 jours ; il s’agissait d’ enfants sourds et muets, qui sont venus créer un spectacle qui s’appelait “Les Voix du monde”.
Depuis son ouverture, ce lieu sert plus généralement pour des soirées privées tant que les résidences ne sont pas suffisamment demandées du fait que nous ne sommes pas encore assez connus. C’est un un lieu qu’on peut également mettre à disposition de la FNCTA et les troupes des alentours. Si ce sont des personnes du département, ils peuvent rentrer chez eux le soir et ils ont un lieu extrêmement bien équipé pour travailler. C’est une scène qui fait 60m² où l’on peut recevoir des danseurs parce qu’on a un tapis de danse au sol. La Grangothèque est ouverte environ d’avril à octobre.
Nous possédons une régie professionnelle issue de mes activités franciliennes antérieures où j’avais une compagnie de théâtre amateur, la Troupe Infernale. Ce sont des jeunes que j’ai dirigés pendant plus de 14 ans. Je les ai connus, ils avaient 13 ans, aujourd’hui ils en ont 30 et la compagnie a perduré après mon départ en 2021, ils viennent tous les ans au mois de juillet chez nous.
Au fil de ces trois dernières années, l’association a développé un réseau personnel avec des personnes qui s’additionnent à chaque fois avec le bouche-à-oreille et ça marche plutôt bien.
POUVEZ-VOUS ME PARLER DE VOTRE TROUPE AINSI QUE LES SPECTACLES QUE VOUS AVEZ MONTÉ ?
Depuis que j’ai créé l’atelier théâtre, nous avons monté “Grand-peur et misère” de Bertolt Brecht, travaillé sur des extraits de “La réunification des deux Corées” de Joël Pommerat. Cette année, je mets en scène “La locandiera” de Carlo Goldoni. J’ai créé également aussi avec un de mes partenaires un spectacle “À l’aube du dernier matin” que je souhaiterais davantage tourner. C’est plus simple quand on est que deux sur scène (avec juste mon compagnon en plus qui fait la technique). J’ai, par exemple, candidaté pour les Tréteaux de Voiron et nous allons le jouer le 1er mars prochain, à Marlhes, au Festival des Alentours.
J’ai aussi mis en scène “En marche ou crève”, spectacle atypique avec des infirmières suspendues : au départ, ce sont des infirmières qui n’étaient pas comédiennes et qui ont fait appel à moi pour monter ce spectacle, écrit par elles, destiné à raconter ce qu’elles ont vécu, pendant 20 mois, sans salaire, sans aucun droit, avec tout ce que ça représente aussi de rejet de la part de la société. Ce n’est absolument pas polémique, c’est extrêmement vrai et émouvant. Elles parlent aussi beaucoup de tout ce qui s’est passé pendant le confinement dans les EHPADs pour les résidents. Nous avons déjà fait 30 dates un peu partout en France avec ce spectacle très touchant et qui a extrêmement bien fonctionné. Sur les 9 filles investies dans ce projet, , il y en a 4 qui voudraient continuer le théâtre. Donc je monte avec elles un autre spectacle qui fera partie maintenant de la Grange en Scène. Un spectacle écrit aussi par Émilie Sandre, comme “L’aube du dernier matin”. Ce sont quatre femmes âgées qui, plutôt que de finir leur vie en maison de retraite, décident de vivre à quatre en colocation.
QUE REPRÉSENTE LE THÉÂTRE POUR VOUS ?
C’est une passion depuis toujours et tout ce que je monte doit, à mes yeux, faire sens.
Le théâtre c’est essentiel à la vie, à la vie de la cité. Ça a toujours été ma position d’ailleurs (par exemple, j’ai toujours refusé de faire des pubs). J’ai essayé, par hasard, le cinéma lorsque j’ai fait un film avec Éric Rohmer. Alors ça peut paraître prestigieux, mais en vérité ça m’ennuyait. Le cinéma n’est pas du tout la même discipline, ça ne m’intéresse guère. Finalement au théâtre, ce qui me passionne ce sont les répétitions, c’est réellement le travail sur le texte qui me plait énormément.
C’est un art qui permet de s’adresser à ses concitoyens et de faire sa propre révolution. Je pense qu’en fonction des choix des textes qu’on fait, on parle à nos contemporains. On essaye, alors de changer de monde sûrement pas, mais de l’améliorer, de faire réfléchir, de donner d’autres points de vue. Mes réalisations sont toujours un peu engagées en tentant de porter un regard éclairé et critique sur notre société ou l’humain en général.
