Depuis décembre 2021, le Comité Départemental de la Drôme accueille une nouvelle troupe adhérente : Le Théâtre des Habitants (TDH)

Le Théâtre des Habitants se situe à Buis-les-Baronnies, en Drôme provençale, relativement proche du département voisin, le Vaucluse.

Chaque été le Théâtre des Habitants organise un festival et cette année, pour célébrer les 10 ans de la troupe, il va se dérouler sur deux week-ends, du 2 au 9 juillet avec 3 spectacles invités et la création du TDH. 

Nous avons rencontré Christian Thiriot (président et comédien du TDH) et Bruno Vatan  (comédien de la troupe).

INTERVIEW

CHRISTIAN THIRIOT & BRUNO VATAN

POUR COMMENCER, POUVEZ-VOUS VOUS PRÉSENTER  ? 

CHRISTIAN THIRIOT… J’ai 70 ans, je suis adhérent au Théâtre des Habitants depuis 2013, soit peu de temps après mon arrivée dans les Baronnies. Accueilli dans la troupe, j’ai accepté de prendre des responsabilités au sein de l’association comme trésorier pour commencer puis comme président ensuite en 2015. Et je suis toujours le président ! 

BRUNO VATAN… Je fais du théâtre depuis un bout de temps, et je faisais partie jusqu’en 2021 de l’Union Régionale de Midi-Pyrénées de la FNCTA dans laquelle j’étais administrateur et à laquelle j’ai participé de nombreuses années. 
J’ai rejoint la troupe en 2020 et j’ai essuyé avec eux la période Covid !

ET COMMENT S’EST PASSÉE CETTE PÉRIODE POUR VOTRE TROUPE ? 

CHRISTIAN… Très compliqué comme pour l’ensemble du spectacle vivant bien sûr !
Avec l’impossibilité ou énormément de difficultés à répéter. Nous avions prévu un certain nombre de choses qui ont été remises en question compte tenu de cette situation de crise sanitaire qui n’en finissait pas ! Nous avons quand même réussi à répéter à distance puis par petits groupes, ce qui nous a permis, l’année dernière de jouer notre spectacle Vous avez le bonjour de Robert Desnos

BRUNO… Nous avons pu répéter entre deux confinements ! L’avantage du monde rural, c’est que l’on trouve toujours un endroit abrité pour répéter sans que ça ne gêne personne ! 

CHRISTIAN… En 2020 nous voulions présenter deux pièces en lien avec le 75e anniversaire de la libération. Il s’avère que Buis-les-Baronnies était un lieu de résistance fort et nous pensions qu’il était important de réaliser un travail de mémoire autour de cette résistance et de la libération de Buis-les-Baronnies. Cette création n’a pu être terminée. Nous avons néanmoins monté ce spectacle autour de Robert Desnos, poète, chroniqueur, journaliste, résistant… mort en déportation le 8 juin 1945.

BRUNO… Et nous avons eu la chance de pouvoir le jouer plusieurs fois, à Buis-les-Baronnies bien sûr, et aussi à Nyons et Vaison-la-Romaine.
Nous avons plusieurs prochaines dates dans les tuyaux dont une à Dieulefit. Et peut-être à Aubenas !

Vous avez le bonjour de Robert Desnos (c) Théâtre des Habitants

QUEL A ÉTÉ VOTRE PARCOURS THÉÂTRAL ? 

BRUNO… Ce qui m’a mené au théâtre, c’est tout d’abord mon père, qui pratiquait le théâtre quand il était jeune, en amateur au début des années 1950, à Bourges.

Et puis il y a eu le lycée. J’avais un enseignant d’anglais qui adorait le théâtre, et le jazz d’ailleurs, et qui avait monté une petite troupe avec ses élèves. Il nous a amené à monter des spectacles de théâtre contemporain en particulier, Ionesco, Tardieu entre autres et qui nous a amené à jouer dans les petits villages autour de Bourges où j’habitais. Nous sommes même allés à Paris au moment de la création de 1789 par Ariane Mnouchkine. 

Après, j’ai interrompu le théâtre pendant mes études, et mes premières années professionnelles. J’ai ensuite repris rapidement, en amateur toujours. D’abord à Paris puis ensuite à Toulouse.

CHRISTIAN… Moi c’est ma première expérience en tant que comédien amateur. J’ai commencé à faire du théâtre avec le TDH lorsque je suis venu m’installer en Baronnies, au moment de la retraite, dans ce petit village de Beauvoisin. Je voulais m’investir en participant au travail de création, m’initier au jeu d’acteur et interpréter les rôles proposés au sein de la troupe avec l’ensemble des comédiens et comédiennes.  J’ai choisi de rejoindre le Théâtre des Habitants parce que Serge Pauthe en était le metteur en scène.

SERGE PAUTHE EST DONC LE METTEUR EN SCÈNE DE LA TROUPE, IL EST AUSSI CELUI QUI A CRÉÉ LE THÉÂTRE DES HABITANTS.
POUVEZ-VOUS ME PRÉSENTER L’HISTOIRE DU TDH ?  

CHRISTIAN… La troupe a en effet été créée par Serge Pauthe, qui est un comédien et metteur en scène professionnel et qui a aussi un long parcours théâtral.
En 1961, il va à Paris au Cours Simon et à la Communauté Théâtrale dirigé par Raymond Rouleau. Puis c’est la rencontre avec Patrice Chéreau. Il joue dans
L’héritier de village, Les Pièces chinoises et Les soldats. En 1968, il s’installe à Valence pour créer, sous la direction d’Alain Rais, les Spectacles de la Vallée du Rhône. Puis s’enchaînent les rôles et les engagements aux quatre coins de l’hexagone. À la Comédie de Saint-Étienne avec Pierre Vial et Jean Dasté; à Lyon avec Bruno Boëglin, Marcel Maréchal, Gilles Chavassieux; à la Comédie du Havre; à Rennes; au Centre Dramatique d’Avignon chez Alain Timar, etc…
En 1993, il se pose à Valréas, puis à Buis les Baronnies où il fonde Le Théâtre-École de la Lance et des Baronnies, reconnu pôle départemental de l’enseignement artistique. 
Auteur, il a notamment écrit La Bataille de Chaillot (Actes Sud) et des Lettres aux parents (L’Harmattan), Chroniques d’un appelé en Algérie de 1959 à 1961. 

En 2012, il se détache du Théâtre-École de la Lance et des Baronnies et crée le Théâtre des Habitants, troupe de comédiens amateurs.

La Troupe du Théâtre des Habitants

Aujourd’hui nous sommes une association de 25-30 adhérents. Et actuellement sur le spectacle que nous sommes en train de préparer : Le Cercle de Craie Caucasien de Bertolt Brecht, nous sommes 16 comédiens et comédiennes sur scène. 

Nous sommes tous des amateurs avec plus ou moins d’expériences. 

Nous avons des adhérents “actifs”, qui nous font les costumes, qui travaillent sur la logistique plateau, sur les lumières, les décors etc…

APRÈS 10 ANS D’EXISTENCE, VOUS AVEZ REJOINT LA FNCTA EN 2021. QUE REPRÉSENTE POUR VOUS CET ENGAGEMENT ? 

BRUNO… En arrivant ici à Buis, je me suis dit : “Le Théâtre des Habitants ne fait pas partie de la FNCTA ?  Mais pourquoi ?” … Et donc voilà maintenant c’est fait ! (rires)

Pour moi la FNCTA, c’est d’abord une famille, la famille du théâtre amateur. C’est aussi un poids important vis-à-vis des institutions et c’est aussi la possibilité de jouer les uns avec les autres. De découvrir une troupe, d’aller voir des troupes jouer, d’accueillir des troupes, de faire des stages… c’est tout ce que j’ai vécu de mon côté en région toulousaine que j’ai envie de transmettre et de donner comme éléments au Théâtre des Habitants

Aujourd’hui, le TDH pourrait se suffire à lui-même avec Serge Pauthe. Mais je pense que c’est important que la troupe, qui est dans une zone un peu enclavée par rapport à la Drôme, puisse s’ouvrir autant que possible sur sa région et sur la région PACA aussi, puisqu’on est à la frontière. Notre zone de vie est presque autant vers Avignon que vers Valence.

Et il y aussi mon expérience au sein de la FNCTA, j’ai été administrateur au Comité Départemental de Midi-Pyrénées. Dans ma ville, à deux troupes, nous avions organisé en 2008 un festival, qui existe toujours d’ailleurs, Les  Estivales de Colomiers.  Un festival sur un week-end et qui accueille une dizaine de spectacles de théâtre et des spectacles musicaux. Et bien entendu, j’ai pu faire de nombreux stages, de comédien, de mise en scène, d’analyse chorale etc… grâce à la FNCTA. 

Donc je connais bien la FNCTA, en tout cas la fédération de mon ex région !
Et je suis heureux que le Théâtre des Habitants soit maintenant inscrit à la FNCTA, par solidarité, par envie de faire partie de la famille ! 

TOUS LES ÉTÉS, LE THÉÂTRE DES HABITANTS ORGANISE UN FESTIVAL À BUIS-LES-BARONNIES. POUVEZ-VOUS M’EN DIRE PLUS ?  

CHRISTIAN… Ce moment confirme l’enracinement du Théâtre des Habitants dans le paysage culturel local. Nous y sommes sensibles tant nous sommes attachés à faire vivre l’expression culturelle, théâtrale, poétique dans les Baronnies, un théâtre qui vit et qui puise son inspiration chez les grands auteurs du siècle dernier, et à faire vivre aussi un théâtre engagé qui s’inspire de la réalité, du vécu, du quotidien….

Tous les ans, nous essayons donc de présenter un festival d’été, où nous accueillons des troupes extérieures, amateurs ou professionnelles. Nous présentons les créations sur lesquelles nous avons travaillé. 

 

Cette année cela va faire 10 ans que le TDH existe et nous avons voulu faire de ce festival un évènement qui va se dérouler entre le 2 et le 9 juillet sur 2 week-ends. Le premier week-end, nous allons accueillir 3 troupes dont une troupe adhérente à la FNCTA.

BRUNO… Cette première troupe invitée de la FNCTA, c’est un peu symbolique ! Je tenais à ce qu’il y ait au moins une troupe FNCTA dans notre festival. 

Et, il se trouve que le spectacle Ensemble et Séparément de Françoise Dorin est produit par 2 personnes : André Ruiz et Claire Mercier qui travaillent ensemble depuis quelques années, lui est toulousain et elle de la Drôme ! 

Je les ai rencontrés à Toulouse, et je me suis dit que, symboliquement, pour moi en tout cas, c’était intéressant de faire ce lien entre la Drôme et Toulouse d’où je viens. 

En plus de cela ils font un excellent travail et Serge Pauthe connaît très bien Claire Mercier. Ce qui fait que tout était là pour que ce spectacle soit choisi. 

C’est une comédie d’atmosphère, ce n’est pas une comédie d’action. Un écrivain, qui reçoit un acteur, qui n’est pas celui qu’il attend…

Nous n’avons pas encore vu la pièce, mais nous leur faisons confiance ! Ce sont deux personnes, tous les deux comédiens et metteur en scène, qui font un excellent travail.
J’avais vu leur pièce précédente Opus Chœur d’Israël Horovitz. Ils ont obtenu en 2019 le prix du public lors du festival FESTHA de Saint-Cyr-sur-Loir.

André, d’ailleurs, vient de rendre son poste de président du CD31 de la FNCTA qu’il a tenu pendant de nombreuses années.

La question chez nous, évidemment, à Buis-les-Baronnies, c’est les spectateurs à cette période. Nous comptons sur notre publicité, nous comptons sur les personnes qui nous connaissent, sur les touristes aussi bien sûr ! Mais ce n’est jamais gagné d’avance à cette période dans ce petit village de 2500 habitants.

ET QUELLES SERONT LES AUTRES PIÈCES PRÉSENTÉES ? 

CHRISTIAN… Nous avons donc cette première pièce Ensemble et séparément. Pour les deux suivantes, nous accueillons tout d’abord Emilia Soler, qui a créé une Compagnie à Beauvoisin (village à 8 km de Buis-les-Baronnnies), la Compagnie des Chantiers Funambules.  

Elle présente un spectacle, intitulé Antonio, mi padre, l’histoire d’un père, son père, qui a combattu pendant la guerre d’Espagne avec les républicains, contre Franco. C’est une pièce écrite et réalisée par cette comédienne, qui relate son histoire et sa relation avec son père.

Elle est très active dans notre secteur et fait un travail important. Nous avons donc souhaité qu’elle participe à notre festival.

Le troisième spectacle est celui de Paul Fructus, que nous avions invité l’année dernière mais qui n’a pas pu venir à cause de la situation sanitaire et qui va présenter une pièce qui s’appelle les Travailleurs de la mer, d’après Victor Hugo. 

EN TANT QUE TROUPE, COMMENT VOUS EST VENUE L’IDÉE DE MONTER UN FESTIVAL ?
ET COMMENT SE PASSE LA SÉLECTION ?

BRUNO… La municipalité nous attribue un créneau de plusieurs jours chaque année, fin juin début juillet pour monter et jouer notre spectacle. Donc nous en profitons pour organiser quelque chose d’un peu plus conséquent, pour répondre aux attentes du public et pour manifester notre remerciement des subventions obtenues par le département et la mairie. 

CHRISTIAN… Et pour la sélection, nous faisons appel à des troupes amies et elles sont nombreuses tant nous bénéficions d’un réseau conséquent issu de la notoriété de notre directeur artistique, Serge.

La sélection se fait entre relations, par la proximité par exemple avec Emilia Soler, et aussi par les amis ! 

UN PETIT MOT POUR FINIR ?

Cette année, dans le cadre du festival, nous présentons cette pièce légendaire de Bertolt Brecht, Le Cercle de Craie Caucasien.

Rappelons qu’il est un auteur aussi important que le fut Shakespeare. Et plus tard Molière. Mais Brecht a ceci de particulier : il n’a pas révolutionné uniquement le cadre de scène. Il a fait entrer sur scène des personnages que nous ne connaissions pas. Des personnages issus directement du peuple.

Celui qui souffre et qui est exploité sur tous les continents. Celui qui obéit aveuglément. Celui qui ne peut pas sortir des griffes des tyrans. Il le fera lorsqu’il prendra conscience de ce qu’il est et de ceux qui le tourmentent. 

Brecht est donc de ces auteurs qui écrivent pour développer la clairvoyance de l’humanité toute entière.

Il nous a légué des pièces qui résonnent fortement dans le monde où nous sommes.

Nous ferons du théâtre et non un discours. Cette pièce de Brecht se termine positivement pour une fois, avec au final, un moment d’utopie que nous n’allons pas manquer !

Alors, venez nous voir !
Nous jouons les 7, 8, 9 juillet à la Salle des Fêtes La Palun de Buis-les-Baronnies. 

 

La Compagnie a trois spectacles prêts à tourner : 

Un spectacle de cabaret de petites pièces contemporaines

Vous avez le bonjour de … Robert Desnos
(vous pouvez télécharger ici la présentation du spectacle),  

Et enfin leur dernière création Le Cercle de Craie Caucasien de Bertholt Brecht

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