“Il y a de nombreuses années, vers 1996, je crois, j’avais vu “Mistero Buffo” au festival de Châtillon. J’avais assisté avec mes enfants, nous avions ri, notamment mon fils Maxime et moi, comme des bossus. J’ai encore les images de la mise en scène dans ma mémoire, la scène de la résurrection notamment, où les acteurs arrivaient comme pour assister à un événement festif, avec le vendeur de gâteaux etc, la scène de l’ivresse avec “toute cette eau”… La mémoire est le jury le plus impitoyable, bravo au parcours de cette troupe ! “

Gilles Champion

FNCTA-Président de l’Union Rhône-Alpes et administrateur du Comité Départemental Rhône

Les Tréteaux de la Cumane est la plus ancienne troupe de l’Isère. Troupe historique et ancrée dans le territoire, elle continue à faire rayonner le théâtre amateur 56 ans après sa création. 

Nous nous sommes entretenu avec Michel Duckit, le responsable actuel, pour nous parler de la troupe, de son histoire, de ses projets passés et futurs.

INTERVIEW

Michel Duckit

BONJOUR MICHEL, POUR COMMENCER POUVEZ-VOUS VOUS PRÉSENTER ?

Bonjour. Je m’appelle Michel Duckit, j’ai 65 ans. Mon amour du théâtre a commencé au collège avec Molière. En 5e et puis en 4e, j’ai eu un prof de français qui s’appelait Monsieur Cérantola qui a fondé une troupe de théâtre à Saint-Marcellin, petite ville de l’Isère, et cette troupe s’appelait les Tréteaux de la Cumane. C’était presque notre seule ouverture sur le théâtre; ils étaient plusieurs profs à faire partie de cette troupe, et lorsqu’ils présentaient un spectacle, évidemment, ils faisaient la pub au collège et au lycée et on allait les voir jouer. C’était pour moi, La Troupe avec un grand “L” et un grand “T”. Et puis quand on était au lycée, ils organisaient aussi des sorties pour aller voir des pièces ou des spectacles à la salle MC2 de Grenoble.

"La cage" de Thierry Crouzet

Et voilà après le lycée, j’ai commencé ma vie active, ma vie familiale et donc j’ai un peu laissé le théâtre de côté jusqu’à ce que j’ai eu un peu plus de temps aux alentours de 35 ans. Et là, j’ai recommencé le théâtre et dès que j’ai pu, j’ai rejoint, sur proposition de Monsieur Cérantola, la troupe des Tréteaux de la Cumane en janvier 1996 et j’y suis encore. Donc ça fait 27 ans que je suis dans cette troupe puisqu’elle a été fondée en 1967 par Serge Cerantola. Et elle existe toujours puisque en 2007, lorsqu’il a décidé d’arrêter et de se consacrer à sa famille, il avait quand même à ce moment-là 70 ans, il m’a donné les clés de la troupe et j’essaie depuis de poursuivre ce qu’il a commencé. 

QUELS SONT LES 3 ÉLÉMENTS QUI ONT PERMIS À LA TROUPE DE PERDURER APRÈS 56 ANS D’EXISTENCE?

Je pense que je mettrais en premier la passion. Serge Cérantola était vraiment, mais vraiment passionné. C’était un acteur merveilleux. Enfin moi, c’était mon maître de théâtre. Et cette passion qui était d’abord la sienne, il a réussi à nous la transmettre. 

Ensuite, je pense qu’il y a quand même une histoire d’amitié. À la création de la Troupe, il s’était formé autour de Serge Cérantola un noyau dur, et ils étaient très très amis. Ils sont restés amis d’ailleurs, même après le théâtre. Aujourd’hui, l’amitié continue, on est un bon groupe qui s’entend bien, on n’est pas forcément amis en dehors du théâtre, mais en tous les cas, quand on se revoit au théâtre, on est vraiment très heureux et très bien ensemble.

Et puis je dirais que maintenant il y a en plus le soutien des différentes municipalités de Saint-Marcellin qui restent notre plus gros soutien quand même. En particulier, l’équipe du service culturel avec laquelle on a vraiment de très très bonnes relations et on travaille ensemble autant qu’on le peut. 

Nous ne sommes pas une association, nous sommes une section d’une grosse association qui s’appelle l’Amicale Laïque de Saint-Marcellin, qui nous soutient aussi pas mal quand on a par exemple un besoin financier important lorsqu’on a dû acheter un fourgon, ils nous ont aidés. Et c’est intéressant parce qu’on est plusieurs sections dans cette association qui font des choses très différentes et ça nous permet aussi de relativiser un petit peu, de nous intéresser aussi à d’autres activités sportives, culturelles ou de loisirs.  Il n’y a pas que nous, on n’est donc pas centré uniquement sur notre petit nombril et ça, c’est une richesse. 

"La cage" de Thierry Crouzet

QUEL EST LE PROJET QUI VOUS A LE PLUS MARQUÉ ET DONT VOUS ÊTES LE PLUS FIER ?

On a joué un spectacle avec la troupe, c’était d’ailleurs mon premier spectacle avec la troupe des Tréteaux de la Cumane. Ça s’appelait “Mistero Buffo”, de Dario Fo et pour moi, ça reste le spectacle numéro un, ça, c’est sûr. On l’a travaillé pendant 18 mois, on l’a joué pendant 3 ans, on a joué 62 représentations, je crois, si je me souviens bien. On a fait des festivals un peu partout, y compris en Suisse, au Québec… Bref, c’était une sacrée aventure !

Mais je suis aussi très fier de la sélection pour Festhéa, en 2022, de notre spectacle INTRA MUROS d’Alexis Michalik. Cette semaine passée à Joué-lès-Tours fut une vraie aventure humaine , avec tous ces autres comédiens et comédiennes des 4 coins de France et de La Réunion.

"L'Amour Médecin" de Molière

Un autre projet qui me tient particulièrement à cœur, ce sont les ateliers pour les enfants que j’ai mis en place en 2014. Je prends en charge le côté administratif et organisationnel, mais ce n’est pas moi qui les anime, on a une animatrice professionnelle que l’on rémunère et qui s’occupe de ces ateliers. 

On a aussi créé un festival en 2012, grâce aux bonnes relations qu’on a avec le service culturel et la mairie Saint-Marcellin, puisque vraiment, la mairie nous offre un pont d’or, on peut dire ça comme ça ; c’est une subvention indirecte qui revient tous les 2 ans puisqu’elle met à notre disposition la salle du diapason, la salle de spectacle de Saint-Marcellin. C’est une très belle salle qu’on nous laisse donc avec son équipe technique et administrative pendant 3 jours, c’est-à-dire qu’on prépare le festival avec le soutien administratif de l’équipe du service culturel. Nous sommes complètement maîtres de la programmation, mais ils sont là si on a besoin d’aide. On travaille avec eux pendant plusieurs mois avant le Festival. Ce sont vraiment de très très bonnes conditions. 

"L'Amour Médecin" de Molière

C’est un festival qui s’appelle Entr’Actes, à Saint-Marce, qui a lieu tous les 2 ans. La prochaine édition sera la septième et aura lieu en février 2024. La programmation est bouclée. Nous choisissons uniquement des spectacles amateurs; j’ai voulu vraiment créer ce festival pour faire partager avec le public qui nous fait confiance, qui nous suit, toute la diversité et la richesse du théâtre amateur. Il y a aura donc une troupe de l’Isère (38), une de la Drôme (26), une de Haute-Savoie (74) et une des Hauts-de-Seine (91). On n’en propose pas davantage pour que les conditions d’accueil soient optimales, temps de montage et démontage suffisant, temps de rencontre important… On espère que le public répondra présent et appréciera les différents spectacles.

"L'Amour Médecin" de Molière

ET J’AI VU, SUR VOTRE SUR VOTRE SITE QUE VOUS AVIEZ MONTÉ “SEULEMENT” 18 SPECTACLES DEPUIS LA CRÉATION DE LA TROUPE, PEUX-TU NOUS EN DIRE PLUS SUR CETTE FAÇON DE TRAVAILLER ?

Oui, en effet, on suit toujours le principe des fondateurs, c’est-à-dire qu’on essaie de présenter notre spectacle quand on le sent prêt. Donc on met le temps qu’il faut pour le préparer. Ça peut être un an, ça peut être 18 mois, ça peut être 2 ans et on le présente quand on le sent. Pas abouti, parce qu’un spectacle n’est jamais abouti et surtout pas pour la première, mais enfin, en tous les cas, suffisamment solide pour être présenté. Serge Cérantola, lui, avait pour principe de ne jamais entamer la préparation d’un nouveau spectacle tant que l’autre spectacle était en tournée. Moi, j’ai petit à petit un peu modifié ça, c’est-à-dire que là, on a un spectacle qui commence juste à tourner puisqu’il a commencé en septembre. Mais déjà, je commence à faire des lectures avec la troupe quand on a un petit moment, pour déjà penser au prochain spectacle. Je m’étais rendu compte qu’avant, on mettait quand même énormément de temps, plusieurs années souvent avant de revenir jouer dans un lieu et on était un peu oublié quand même entre-temps. J’essaie de réduire un petit peu le temps entre 2 spectacles. 

"L'Amour Médecin" de Molière

QUELS SONT LE OU LES SPECTACLES QUE VOUS JOUEZ EN CE MOMENT ?

C’est la première fois dans l’histoire de la troupe, on joue un classique, c’est un Molière. Habituellement, c’est plus du contemporain, et même si possible des auteurs vivants. Mais là, j’avais très envie après le COVID et la troupe aussi, on avait très envie de légèreté, je crois. Donc j’ai proposé ça à la troupe. Le spectacle, c’est “L’amour médecin” de Molière. Dedans, j’ai un tout petit rôle, je m’occupe principalement de la mise en scène. À l’époque quand j’étais instituteur, avec mes élèves, j’aimais déjà beaucoup ces moments de préparation spéciale, de mise en scène, de direction d’acteurs… Mais avec les adultes, je ne m’étais jamais vraiment lancé. De temps en temps, mais pas beaucoup. C’est depuis 2013 exactement, ou un petit peu avant que je me suis vraiment lancé. Et là pour “L’amour médecin”, je me suis rendu compte qu’il fallait vraiment que je sois plus à la mise en scène que sur le plateau. Donc je me suis un peu retiré et je joue vraiment un tout petit rôle. 

On présente aussi un autre spectacle; “La cage” de Thierry Crouzet. Pour le coup, rien à voir avec  Molière, c’est un spectacle contemporain, plutôt sombre et sérieux, puisqu’il s’agit d’un huis clos dans une cellule nazie, en 1943 ou 44.

UN PETIT MOT POUR TERMINER ?

Oui, ce que j’ai envie de rajouter pour finir, c’est que le théâtre en amateur, c’est un vrai bonheur. C’est du travail, vraiment, c’est sérieux. Je veux dire, on travaille beaucoup, mais c’est un vrai plaisir et j’ai beaucoup de joie à retrouver la troupe dans son entièreté. Et puis jouer, c’est un vrai bonheur aussi; le contact avec le public, le contact avec d’autres comédiens, à l’occasion des festivals justement. Enfin, voilà, c’est super. 

Ma prochaine vie, c’est sûr,  je travaillerai pour, dans et avec le théâtre. 

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