Déjà Molière, dans son Impromptu de Versailles, mettait en scène un pauvre auteur metteur en scène, lui-même, en difficulté avec ses comédiennes et comédiens.

Au 20e siècle, c’est Jean-Claude Grumberg qui s’amuse avec un sujet grave, l’affaire Dreyfus, en mettant en scène un bande de comédiens polonais juifs qui ne comprennent rien au contexte de la pièce.

Je connais ensuite Thé à la menthe ou t’es citron ? avec Patrick Haudecoeur,  qui se moque d’une bande d’amateurs montant leur première pièce.

Et enfin, Claude Monteil qui reprend le flambeau avec Antigone… enfin presque, une bande d’amateurs un peu fracassés qui ne comprend rien à Antigone de Sophocle.

C’est donc une longue tradition de s’auto moquer de nos travers de comédiennes et comédiens.

L’équipe du Souffle de l’Harmattan a bien réussi à relever ce défi de jouer avec talent cette bande de « bras cassés » avec ses cabots et cabotines.

Et l’auteur Claude Monteil, présent à la première, a un avantage sur tous les autres : il est lyonnais !

Gilles Champion

INTERVIEW

VÉRONIQUE JACQUEMIN · METTEUSE EN SCÈNE DU SOUFFLE DE L’HARMATTAN

POUR COMMENCER, PEUX-TU TE PRÉSENTER ?

Je suis Véronique Jacquemin et je suis metteuse en scène et comédienne. 
J’ai commencé le théâtre il y a 31 ans, tout à fait par hasard en allant à la répétition d’impro d’un ami metteur en scène, j’ai demandé à essayer et ça a été un flash, une montée d’adrénaline !

J’ai commencé par des cours à La Condition des Soies et j’ai toujours travaillé avec des metteurs en scène, parfois professionnels mais toujours dans un cadre amateur amateur puisque je travaillais en parallèle.

J’ai créé ma compagnie, il y a 6 ans Le Souffle de l’Harmattan pour avoir les mains libres dans le choix des textes, des comédiens… 

J’avais entendu parler d’une pièce : La Symphonie des faux-culs (Olivier Lejeune). J’ai adoré le titre (rires), je l’ai lu. Elle m’a beaucoup fait rire !

J’avais demandé à une compagnie de m’héberger pour la monter mais la compagnie voulait un rôle en échange et j’avais déjà mes idées de rôle et de distribution. C’est comme ça que j’ai monté ma compagnie et ça a été assez simple finalement !

Dans la foulée, j’ai fait ma première mise en scène ! 
Je n’avais pas de metteur en scène sous la main et je ne pensais pas être capable de faire de la mise en scène..

Mais la pièce m’a inspiré ! Le texte était bon, et les comédiens jouaient bien. 

La pièce a eu de très bons retours ! 

J’ai donc continué et Antigone …enfin presque, est ma quatrième mise en scène.

Antigone... enfin presque · Compagnie Le Souffle de l'Harmattan

ET CETTE PIÈCE EST UN SUCCÈS !  

Oui ! Nous avons refusé du monde tous les soirs !

Nous allons donc la rejouer à la demande de Acte 2 Théâtre, le 3 et 4 mai , et peut-être pour le Festival de Théâtre Amateur du Comité Départemental Rhône de la FNCTA qui se tiendra en octobre. 
Nous avons aussi été contacté pour jouer dans l’Ain et encore sur Lyon en 2024.  

Nous allons  aussi avoir un article dans Lyon Capitale avant les représentations des 3 et 4 mai, par un journaliste qui a adoré la pièce.

Il y a des gens qui sont venus et qui reviennent en bande pour revoir la pièce ! Je pense que l’on va encore refuser du monde (rires) ! Nous sommes vraiment contents du succès. 

Ce qui était  étonnant, c’est que l’on a eu des spectateurs que personne de la troupe ne connaissait. Ce qui est rare dans le théâtre amateur. 

En effet, c’est souvent notre réseau qui se déplace, et le réseau amateur est conséquent quand on fait du théâtre depuis des années ! 

Nous allons nous voir jouer les uns et les autres. Et c’est en cela qu’un réseau fonctionne !

Je pense que le sujet de la pièce est porteur.

L’auteur Claude Monteil nous a  même fait la surprise de venir. Ça nous a enchanté. Heureusement que c’était une surprise d’ailleurs ! Quelle pression sinon !
Il nous a fait un super compliment en nous disant qu’il s’était amusé comme s’il découvrait la pièce. C’est un monsieur charmant qui m’a adressé deux très gentils mails par la suite.

Antigone... enfin presque · Compagnie Le Souffle de l'Harmattan

ET AVEC DU RECUL, QU’EST-CE QUI EXPLIQUE SELON TOI CE SUCCÈS ?

Déjà il y a 10 comédiens ! Ça amène du monde 10 comédiens !

Nous avons aussi un bon réseau et le thème  de la pièce est porteur. C’est du théâtre dans le théâtre, ce que j’ai  tenu à souligner dans le résumé sur le tract.

Plusieurs connaissances m’ont dit que les pièces de notre compagnie, Le Souffle de l’Harmattan sont toujours de qualité, qu’elles sont sûres de passer un bon moment et réservent les yeux fermés. C’est agréable ! Je les remercie du fond du cœur. 

Le succès sans une bonne pièce ne serait pas là ! 

Antigone… enfin presque, est très bien écrite. Il y des scènes de groupe et il n’y a pas de comédien dont le rôle est effacé. Tout le monde a sa place sur scène et chacun son petit quart d’heure de gloire.

C’est aussi une pièce qui monte en puissance comique, sans creux de vague. 

La compagnie de Claude Monteil, Instant T,  va jouer sa pièce, Un pur cauchemar, le 27 avril. J’ai déjà réservé. Le Souffle de l’Harmattan y va en délégation ! 

Je ne veux pas savoir de quoi parle la pièce pour ménager la surprise, tant je fais confiance à cet auteur !

Je fonctionne au coup de cœur, sinon comment travailler avec joie ?

 

ET D’AILLEURS, COMMENT AS-TU CHOISI LE TEXTE ?

J’ai une exigence sur les textes. 

Étant plus jeune j’ai joué des textes pas forcément drôles, comme, Un tramway nommé désir (Tennessee Williams) ou Huis Clos (J-P Sartre), de belles pièces sombres, mais que j’aime énormément. Là, je trouve qu’à l’époque actuelle les gens ont besoin de s’amuser !

Nous avions joué Palace, de Jean-Michel Ribes avec la Compagnie EntrAxes. Le public avait la banane en sortant!  Je me suis dit que j’avais envie que les gens s’amusent.

Antigone… enfin presque, je l’ai vue jouée dans un théâtre à la Croix-Rousse. 

J’ai pleuré de rire, j’avais les larmes qui coulaient, c’était incroyable ! 

C’est une pièce drôle, puisqu’elle parle effectivement de comédiens amateurs qui rendent fous leur metteur en scène avec leurs caprices, leurs allées et venues etc… 

Il y a du vécu dans certaines répliques ! Les égos surdimensionnés par exemple avec des acteurs qui n’en font qu’à leur tête !

Il y a 2 ans je me suis dis que j’allais la monter. Je fonctionne au coup de cœur, sinon comment travailler avec joie ?

Maddy Richard, ma complice comédienne, avec qui j’ai créé Le Souffle de l’Harmattan avait également vu la pièce et avait en tête beaucoup de souvenirs de la mise en scène.

Heureusement pour moi, j’oublie et garde le souvenir d’un immense plaisir.  

Sinon je ferais du copier coller et je n’aurai aucune inspiration. Je travaille beaucoup à l’instinct, ce qui affole un peu certains comédiens (rires).

Mon imagination est vraiment libérée quand je suis face à l’équipe ou dans des instants de ma vie absolument pas liés au théâtre. Les seules prévisions que je fais sont les plannings, ce qui n’est pas de la tarte dans le théâtre amateur ! 

J’ai été secondée en cela par Christophe Montbroussous et Chantal Fonterme, d’excellents comédiens avec qui je travaille depuis plusieurs années. 
Avant de monter cette pièce, j’étais stressée parce qu’il fallait trouver un autre angle pour monter en scène des répétitions de théâtre. Il fallait donc que je donne un aspect très vivant à ces répétitions, que le spectateur se sente vraiment dans une répétition de théâtre 

COMMENT TRAVAILLES-TU ?

J’essaie toujours de trouver des textes originaux et même pour distraire le public, j’essaie de choisir des textes avec un propos. Donc une exigence pour le texte, mais aussi une exigence sur le travail qui va être réalisé.

Quand les comédiens arrivent sur un projet, je leur dis toujours qu’on est amateur parce qu’on travaille à côté et que même si l’on est pas payé sur le projet, il nous faut une exigence de professionnel. Dans l’apprentissage du texte, les répétitions et le présentiel nous travaillons tous ensemble dans la bonne humeur pour que les comédiens s’améliorent et que je m’améliore ! 

Michèle Babe, ancienne comédienne m’a assisté avec le texte en main, ce qui m’a permis de suivre facilement les comédiens et de créer librement. 

Elle apporte de précieux conseils à l’équipe. Et parfois, elle tente de me ramener à quelque chose  de plus classique, de part sa formation. Je ne l’écoute pas souvent (rires) !  
J’ai  des comédiens qui me suivent maintenant depuis plusieurs années et qui disent oui à chaque pièce que je leur propose

Au début d’un projet, impossible pour moi de ne pas ressentir le syndrome de l’imposteur ! 

Alors je tente de me rassurer en me disant qu’ils sont toujours là avec moi et qu’ils me font confiance, alors que ce sont d’excellents comédiens ! 

Je suis très exigeante sur le jeu, sur la technique… j’ai été à bonne école avec feu Roland Chalosse, metteur en scène professionnel, mon père de théâtre.

J’essaie de libérer mon imagination, je sais qu’on peut oser des choses au théâtre, sortir du cadre, si on ne déforme pas le sens de la pièce (Merci Hervé Deschamps !

La lumière est aussi un personnage très important qui raconte quelque chose et sublime un spectacle.  

Et puis,  il faut toucher les spectateurs. Je me mets toujours dans la position du spectateur. 

Je conseille à mes comédiens d’aller chercher les spectateurs du dernier rang par la voix et le jeu.

J’ai très envie que les comédiens soient fiers en sortant de scène à la fin des représentations

Et que le public soit heureux quand il sort du théâtre. Je ne pourrais pas jouer ou monter un projet qui m’ennuie, juste pour attirer ou faire plaisir. 

Je n’aime pas l’arnaque (rires) !

QUELS SONT LES PROCHAINS PROJETS DE LA COMPAGNIE ?

Sur le projet, j’ai 10 comédiens, et la compagnie  est un petit peu variable selon les projets.
J’ai une bonne équipe, qui est engagée et ils ont tous envie de continuer quelque chose après.

Je pense qu’Antigone va quand même avoir un beau petit avenir pendant quelque temps. J’ai vraiment d’excellents comédiens sur le projet, ils sont investis, ils sont aussi force de proposition et puis nous nous entendons super bien.

Pour les prochains projets, je pense que je vais scinder en deux projets. Je ne veux pas choisir une pièce en fonction du nombre de comédiens.  Peut-être faire un petit festival de deux pièces du Souffle de l’Harmattan.

En lien avec l’interview de Véronique Jacquemin, nous avons rencontré
Claude Monteil l’auteur de Antigone… enfin presque

Pour découvrir la pièce, rendez-vous à Acte 2 Théâtre (Lyon) le  et le mai !
On vous conseille de réserver !

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